MISE À JOUR SUR LES ACCUSATIONS DE LA GRC CONTRE LES SERVICES À LA FAMILLE CHINOISE DU GRAND MONTRÉAL ET LE CENTRE SINO-QUÉBEC**
Montréal, le 15 janvier 2025
Il y a près de deux ans, le 9 mars 2023, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a annoncé publiquement qu'elle enquêtait sur deux organismes à but non lucratif servant la communauté chinoise du Québec, les Services à la famille chinoise du Grand Montréal et le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud. Ces enquêtes portaient sur des allégations selon lesquelles des responsables du gouvernement chinois auraient exploité des « postes de police clandestins » dans les locaux de ces organismes. À ce jour, aucune accusation n'a été déposée et la GRC n'a révélé aucun détail sur les faits qu’elle enquête ou sur ce qui constitue précisément un poste de police clandestin.
Les Services à la famille chinoise du Grand Montréal et le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud sont les deux seuls centres communautaires offrant des services sociaux à la communauté chinoise du Québec. Dans le contexte politique actuel, ces allégations ne font que stigmatiser et renforcer les stéréotypes et les préjugés à l'encontre d'un groupe historiquement marginalisé.
Les conséquences de l'enquête de la GRC se font durement ressentir par la communauté chinoise, qui subit les effets de la réduction des services. Les accusations ont entraîné de graves difficultés financières pour les organismes concernés. En conséquence, les organisations ont perdu des subventions essentielles et, faute de moyens pour générer des revenus, de nombreux services indispensables à la communauté ont dû être supprimés, et plusieurs postes ont été éliminés. Au printemps dernier, la perte de locataires causée par la stigmatisation des Services à la famille chinoise a conduit la banque à refuser de renouveler l'hypothèque du bâtiment appartenant au centre communautaire. Des avis de reprise de possession ont été émis, accompagnés de la saisie de toutes les liquidités.
En mars 2024, face au silence de la GRC, les deux organismes et leur directrice générale, Mme Xixi Li, ont intenté une poursuite en diffamation contre la GRC pour réclamer des dommages-intérêts. Ce communiqué de presse vise à informer le public des développements suivants :
1) Peu après le dépôt de la poursuite par les organismes communautaires, la GRC a demandé une suspension des procédures judiciaires pour une durée de neuf mois afin de compléter son enquête. À la consternation de la communauté, le 9 décembre 2024, la GRC a déposé une deuxième requête demandant une suspension supplémentaire de quatre mois pour terminer son enquête. Sur les conseils de leur avocat, les centres communautaires, bien qu’à contrecœur, ne s'opposeront pas à cette dernière tactique de temporisation de la GRC, dans l’espoir qu’il est dans l’intérêt supérieur de la communauté chinoise et de l’ensemble du public canadien que le plus d’informations possibles soient recueillies et rendues publiques concernant les allégations. Bien que cette situation soit déplorable, il est important que l’enquête de la GRC suive un processus légal rigoureux jusqu’à sa conclusion finale.
2) À ce jour, un effort continu des membres de la communauté a permis de sauver le bâtiment du Services à la famille chinoise de la saisie. Onze membres de la communauté ont uni leurs économies, y compris en hypothéquant leurs propres maisons, pour rembourser intégralement le prêt. Pour le moment, le bâtiment a été préservé. Le scepticisme de la communauté à l’égard des allégations de la GRC se reflète dans le soutien populaire et le retour des locataires dans le bâtiment.
3) Afin de compenser les réductions des financements publics, les centres communautaires poursuivent leurs collectes de fonds tout au long de l’année. La prochaine activité de financement sera une journée porte ouverte en mars 2025 pour mettre en lumière le travail essentiel des organismes communautaires. Ce n’est que grâce au soutien dévoué des membres de la communauté que le centre communautaire peut continuer à fonctionner, bien qu’à un niveau beaucoup plus réduit.
« Il est regrettable que les actions de la GRC aient causé tant de souffrance à la communauté en raison de la diminution des services depuis près de deux ans. Il n’y a plus de cours de français dans le quartier chinois et à Brossard, nous avons dû réduire notre soutien aux aînés vulnérables, aux femmes victimes de violence conjugale, limiter nos services d’accueil aux nouveaux immigrants, et nous n’avons pas été en mesure d’aider à la recherche d’emploi pour notre communauté. Nous avons coopéré avec la GRC depuis le début de l’enquête et nous exhortons la GRC à investir les ressources nécessaires pour terminer l’enquête dès que possible et mettre fin à l’hémorragie des services sociaux pour la communauté », a déclaré Carole Cheung, présidente du conseil des Services à la famille chinoise du Grand Montréal.
Pour plus d'informations :
Carole Cheung
Présidente
Services à la famille chinoise du Grand Montréal
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